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L'éducation musicale juin 2012
Article libération 23 avril 2012
Article Lettre du Musicien 30 avril 2012
Cet opus est un « wasserfall » de rencontres, d’un siècle à l’autre, d’un pianiste à l’autre, d’une aube à l’autre.
À l’aube du projet, il y a la détermination et la curiosité de Daniel Gardiole qui, las du répertoire battu et rebattu des conservatoires, est allé se confronter à du « moins connu » et du « non connu ».
C’est en marge d’un concert qu’il a rencontré Pierre Giraud, professeur de piano et musicologue, dernier élève de Paul Loyonnet. Pierre Giraud et Hélène Lemoine, une des élèves québécoises du , maître et légataire de son héritage intellectuel, ont collaboré pour réaliser la dernière volonté de Paul Loyonnet, la publication de ses mémoires.
Après la disparition de Paul Loyonnet sur lequel elle a veillé avec dévouement dans les dernières années de sa vie, Hélène Lemoine a immédiatement fait le choix de déposer l’ensemble des documents du maître aux Archives de l’Université de Montréal (Fonds P 249).
Paul Loyonnet issu d’un milieu modeste, admis en 1902 au Conservatoire de Paris dans la classe de Charles de Bériot — fils de la Malibran, professeur de Maurice Ravel et de Ricardo Viñes — a eu une vie de concertiste et de pédagogue d’une longévité exceptionnelle. À 90 ans, il a commencé à raconter sa vie dans des petits carnets ; il évoque ses origines sociales modestes, son entrée dans le monde musical, les salles de concert, les salons parisiens, les aventures de l’évolution de la facture de piano au début du XXe siècle (Érard, Gaveau, l’arrivée de Steinway en France), les compositeurs, les musiciens…
Pierre Giraud a réuni les notes de souvenirs de Paul Loyonnet dans un livre publié dans la collection Musique et Musicologie dirigée par Danièle Pistone aux éditions Honoré Champion sous le titre : Paul Loyonnet (1889-1988), Un pianiste et son temps.C’est à la lecture de cet ouvrage palpitant qui se dévore comme un polar, et au fil des leçons de piano avec Pierre Giraud que Daniel Gardiole a imaginé lui rendre hommage en se confrontant à des oeuvres dont la création lui est attribuée.
Les Six vues du Fouzy Yama de Bernard van den Sigtenhorst-Meyer ont été jouées, salle Érard le 29 novembre 1923 au bénéfice des victimes du terrible tremblement de terre de la même année au Japon.
Aube Sonate d’été de Lucien Durosoir - violoniste virtuose avec qui Paul Loyonnet a tourné en duo - a été interprétée dans des cercles privés par Paul Loyonnet et Jean Doyen.
Enfin, les Histoires… de Jacques Ibert ont été données en première audition le 12 octobre 1923, toujours salle Érard, puis reprises régulièrement par Paul Loyonnet dans ses concerts.
La partition d’Aube sonate d’été est arrivée à Pierre Giraud par le fils de Lucien Durosoir, Luc Durosoir qui a édité les oeuvres de son père, restées manuscrites pendant des années. Il a proposé à Daniel Gardiole de déchiffrer quelques lignes de cette pièce, considérée par beaucoup de pianistes comme injouable.
C’est le défi qu’a voulu relever Daniel Gardiole en travaillant cette Aube, composée en miroir du poème de Rimbaud.
Invités par Pierre et Daniel à écouter le premier mouvement, Luc et Georgie Durosoir ont ressenti une grande émotion à entendre la musique de leur père et beau-père et leurs encouragements ont été un moteur important à la poursuite de ce travail.
Outre Pierre Giraud, le pianiste Gérard Fallour a beaucoup apporté pour la mise en place finale du premier mouvement.
Cela a abouti à une création le 12 juin 2010 au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, avec la participation d’Ana Stefanovic, docteur en musicologie de l’Université Paris Sorbonne et Maître de conférences à l’Université de Belgrade (Serbie) et en présence de Luc et Georgie Durosoir.
L’idée de l’enregistrement est arrivée très vite car j’ai été séduite par le talent et la modestie de Daniel Gardiole. Ce sont ajoutés les touches de Stephen Paulello, la plume de Pierre Giraud, les mains de Gérard Fallour et Jasmina Kulaglich, l’oreille de Christophe Mazzella, la créativité d’Yves Helbert, l’oeil de Jean-Baptiste Millot et le soutien inconditionnel de Georgie et Luc Durosoir : « Bravo à tous ! Les mânes des compositeurs disparus se réjouissent et vous remercient, du fond de leur lointain et mystérieux séjour. Nous aussi ».
Martine Zuber