Fils d’un grossiste et d’une pianiste amateur d’un très bon niveau et petite cousine du compositeur Manuel de Falla, Jacques Ibert est mis très jeune à la musique par sa mère qui le rêve « virtuose ».
Passionné par le cinéma et le théâtre, il prend en cachette des cours d’arts dramatiques et souhaite être comédien. Face à l’hostilité de ses parents, il trouve un compromis et entre au Conservatoire de Paris où il prend des cours d’harmonie, de fugue, de contrepoint, de composition et d’orchestration de 1910 à 1914. Il a pour condisciples Arthur Honegger et Darius Milhaud qui resteront des amis.
Pour gagner sa vie, il donne des leçons, improvise au piano dans des cinémas et compose des chansons populaires et des musiques de danse. Dès le début de la grande guerre, Jacques Ibert est réformé, mais s’engage néanmoins et sera promu officier de la Marine et décoré de la Croix de Guerre. En 1919, il se présente au Concours de Rome et remporte un Premier Grand Prix avec sa cantate Le Poète et la fée. Il fut directeur de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis de 1937 à 1940 et de 1946 à 1956, date à laquelle, il devint membre de l’Académie des beaux-arts. Il laisse une oeuvre importante et très diverse à la mesure de sa curiosité pour le monde du spectacle : ballets, musique de films, opéras, musique symphonique, de chambre, piano...
Les Histoires... figurent parmi les pièces les plus connues de Jacques Ibert.
Relations entre Paul Loyonnet et Jacques Ibert
Extrait du livre: Paul Loyonnet, un pianiste et son temps, Paris, Honoré Champion, 2003
… Au contraire des plus illustres compositeurs, j’ai été lié à Jacques Ibert dès le début de sa brillante carrière. J’ai fait sa connaissance en 1920 à la villa Médicis où il était pensionnaire près de Rome. Il avait juste un an de moins que moi ; nous étions de la même génération. Nous nous liâmes de suite. Il avait épousé la fille du fameux dessinateur Jean Veber, le beau-frère de mon ami Marcel Armengaud. Nous partagions Jacques Ibert et moi le même amour pour Rome. Rentré à Paris, il m’envoya deux pièces de piano composées pendant la guerre, dont une porte le titre : Le Vent dans les ruines. Puis un an plus tard,
je reçus un volume d’oeuvres de piano : Histoires, au tirage de luxe. Il était précédé d’une gravure de Jean Veber, illustrant la première pièce : La Meneuse de tortues d’or. La dédicace qu’il mit était celle-ci : « On dit que les gens heureux n’ont pas d’histoires, prenez celle-ci, cher ami ! ». Les Rencontres, écrites à la fois pour le ballet et en arrangement de piano, attestent l’élégance sobre et hardie de son langage musical. Ma femme et moi avons assisté au ballet, à l’opéra et j’ai inscrit aussi Les Rencontres dans mon répertoire de concertiste et d’enseignant...