Paul LOYONNET (1889 - 1988)

Élève de Charles de Bériot et d’Isidore Philipp au Conservatoire de Paris, Paul Loyonnet donne à l’âge de seize ans son premier récital. Sa carrière traverse presque tout le siècle dernier ! Il donne ses plus grands concerts à Berlin, à Rome en 1926 pour le centenaire de la mort de Beethoven, à New York où il joue au Carnegie Hall en 1947 et 1948, et y reçoit un excellent accueil. Il joue avec des partenaires prestigieux comme le grand violoniste Lucien Capet ; en décembre 1945, il interprète trois concertos de Beethoven sous la baguette de Charles Munch au théâtre des Champs-Élysées.
Paul Loyonnet a appris à jouer sur les pianos Érard à cordes parallèles, s’adapte au nouveau piano Érard à cordes croisées, bien sûr donne tous ses récitals parisiens dans la grande Salle Érard, représente plus tard la marque Blüthner lors de ses concerts en Europe puis file rejoindre la maison Gaveau
installée dans l’ouest parisien qui vient d’ouvrir une nouvelle salle plus spacieuse. À Montréal, il jouera sur un piano Steinway de New York.
Paul Loyonnet est aussi très vite considéré comme un remarquable pédagogue : il supervise des élèves
dans les grandes villes de France, Paris, Lyon, Marseille, Tours, plus tard au Québec il deviendra professeur à l’École Vincent d’Indy et à l’Université McGill.
Tout au long de sa vie et de sa carrière, il croise et côtoie les grandes figures de la vie musicale de la première moitié du XXe siècle, il assiste au premier concours Diémer en présence de Saint-Saëns..., il est apprécié par Fauré, nouveau directeur du Conservatoire..., il tourne les pages à Debussy à Saint Jean de Luz lorsque celui-ci interprète sa Sonate pour violon et piano avec Gaston Poulet..., il se lie d’amitié avec le grand pianiste Francis Planté…, il va au cinéma à Bordeaux en compagnie de Ravel voir La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer…, échange quelques idées avec Xénakis à New York..., s’informe de la vie musicale auprès de Dutilleux à Paris en 1962 lors de son dernier récital parisien à Gaveau... Après la deuxième guerre mondiale, en 1951, il émigre au Canada sous la pression de sa femme et de ses enfants. Il envoie, du bateau qui le mène vers le Nouveau Monde, une longue lettre à son ami Lucien Durosoir : il explique à quel point il ne trouve plus sa place dans cette France d’après-guerre ; il a 62 ans, arrive à Montréal ruiné, y recommence une nouvelle carrière, publie plusieurs ouvrages. Paul Loyonnet donne son dernier récital à l’âge de 92 ans.



Pierre Giraud
Pierre Giraud a été le dernier élève de Paul Loyonnet, l’ayant connu à la suite de la parution de son livre Les Gestes et la pensée du pianiste, Montréal, Louise Courteau 1985. Il a été influencé par ce maître et, à la mort de celui ci décida d’entreprendre la publication de ses mémoires. Paul Loyonnet avait commencé la rédaction de ses mémoires à l’âge de 90 ans. Il s’agissait de travailler sur un document de 800 pages manuscrites, sans corrections ni relecture.